mardi 27 septembre 2011

Djamchid et la division des classes sociales

Cette fois ci, j'ai traduit beaucoup plus, alors je ne commenterai pas beaucoup. Pour éviter d'écrire trop de vers à la fois, je ne présente que la première partie du règne du roi Djamchid, et comment il a instauré les classes sociales.


Djamchid

Fils de Tahmourés1, Djamchid le valeureux,
De tout cœur, écoutant ses conseils et vœux,
Un jour sur le trône de son père s’installa,
Comme les Kiâns2, la couronne d’or hérita,
Attacha la ceinture pleine de splendeur,
Le monde ainsi devint son serviteur,
Ce temps-là fut libéré de tout désordre,
Il soumit péris3 et dives4 sous ses ordres,
Grâce à lui l’honneur du monde s’éleva,
Et son immense trône impérial s’éclaira,
Il dit : « Moi, qui ai la divine splendeur5
Je suis votre mage et votre empereur ! 
La main malfaisante, je la couperai !
Vers la lumière, l’âme, la guiderai ! »
D’abord, la main sur les armes de guerre mit,
Et la route de la gloire aux braves ouvrit,
Fit fondre l’acier de sa splendeur de roi,
Casques, cuirasses et côtes de mailles forgea,
Et pour les chevaux des armes et habits,
De sa sagesse et son âme furent les fruits,
Durant cinquante ans de travail intense,
Il fit de ces armes un trésor immense,
Aux habits pensa cinquante autres années,
Qui durant la gloire ou défaite furent portés,
De coton, de la soie et des poils des animaux,
Fabriqua des tissus résistants et beaux,
Apprit à son peuple tout l’art du tissage,
Et de la trame et du fil, l’assemblage,
Après le tissage, le lavage fut appris,
Et tout l’art de coudre aux hommes par lui,


Les classes sociales

Après tout cela, entreprit une autre affaire,
Qui donna le bonheur au peuple de la Terre,
Il rassembla de chaque coin les artisans,
 Et passa pour cela aussi cinquante ans,
Il fit un groupe qu’on appelle Kâtuzian,
 Qui prenaient le rôle de guides des croyants,
Du reste du peuple il sépara cette classe,
Et la montagne, il leur donna comme place,
Pour que le culte soit leur seul labeur,
Et qu’ils prient devant leur créateur,
De l’autre côté, il établit un autre rang,
A qui il donna le nom de Nissârian,
Ils furent les vaillants hommes de la guerre,
Splendeur des armées, les gardiens de leur terre,
Eux qui sauvent le trône et sa continuité6,
Ils portèrent le courage vers l’éternité,
La troisième classe, qui s’appelait Nassoudi,
Etait celle privée de l’admiration d’autrui,
                                    Ils travaillent la terre, ils cultivent et moissonnent,
Pour leur nourriture, ne doivent rien à personne,
Etant maîtres d’eux-mêmes, et simplement vêtus,
Leur esprit à l’abri des paroles malvenues,
Leurs corps sont libres, leur monde est abondant,
Ayant tout pour vivre et libres de tout jugements,
Comme cet homme de sagesse l’a si bien dit,
La paresse rend esclave l’homme libre d’esprit,
Le groupe  d’Ahnoukhochi était la quatrième classe,
Et désignait les forts artisans qui jamais ne lassent,
Exerçant leur profession avec âme et ardeur,
Ils étaient pensifs et soucieux de leur labeur,
Le temps de ce travail, une cinquantaine passa,
Durant laquelle le roi donna et profita,
A chacun, il donna la place dont il était digne,
Et pour son travail il lui donnait des consignes.
Pour que tout le monde sache sa propre valeur,
Et reconnaisse ce qu’il faut pour avoir le bonheur.



1 Tahmourés est le père de Djamchid, troisième roi d’Iran (cf. dernière histoire)

Les Kiâns sont la dynastie du roi Kai Kobad, successeur de Nowzar. Il peut aussi désigner les anciens rois de Perse
  
3 Dans la mythologie Perse, les péris sont des êtres divins, semblable aux anges.

4 Nom souvent utilisé, les Dives sont les serviteurs et les soldats d’Ahriman, le dieu du Mal (cf. dernière histoire). Ce sont des démons.
       
5 La splendeur divine (Farré-Izadi) a une très grande place dans la mythologie iranienne. C’est un don, une protection divine qui n’est donné qu’au roi et ses successeurs. Sans celui-ci, le roi ne peut pas bien régner.
                  
6 Les guerres étant fréquentes durant ces temps, l’armée est l’institution la plus importante, car c’est elle qui assure le maintient du pouvoir.

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Comme on l'a vu, le roi Djamchid fait entrer le pays dans une nouvelle ère, celle du progrès, en révolutionnant la vie quotidienne, l'armement, et en instaurant une véritable société où chacun fait son travail. L'ordre et la civilisation sont donc établis au mieux. 

Son temps n'est pas encore fini, et je raconterai la suite prochainement.

mercredi 24 août 2011

Les premiers rois et la découverte du feu

Le récit du livre des rois commence par les règnes légendaires des premiers rois du monde, au début de la civilisation, durant l’âge mythique. C’est une partie du livre assez courte. Aujourd’hui, je vais vous résumer le règne des trois premiers rois.

Le roi Kiomars


Dans le livre des rois, le premier et le fondateur de la civilisation est Kiomars. Il a été crée par Ormuzd, le dieu créateur du monde. Il imposa les premières lois et le trône et donna au monde toute la splendeur. Dans le premier chapitre, Ferdowsi explique son règne depuis sa montagne. Le royaume prospérait, jusqu'à ce que l’ennemi d’Ormuzd, Ahriman (la force malfaisante, semblable à notre diable), envoya son fils le Div (démon) noir avec une  armée pour tuer le roi. Syamak, le fils du roi, alla combattre le Div mais celui-ci le tua. Houchang, le fils de Syamak, alla à son tour avec le roi et son armée et tua le Div. Kiomars régna 30 ans A la mort de Kiomars, Houchang fut son successeur.

Le roi Houchang

Il fut donc le second maitre de la terre durant 40 ans. Il est connu pour avoir découvert diverses choses, notamment l’élevage, l’agriculture, le travail du minerai et du fer, mais surtout le feu. Voici le poème de cette découverte que j’ai traduit :

Un beau jour, traversa au milieu des roches,
Le roi du monde et un groupe de ses proches,
De loin, quelque chose de long on put voir,
D’une très grande allure et de couleur noire,
Les yeux de sa tête comme des sources de sang,
De sa gueule le monde devenait noircissant,
Houchang avec attention et intérêt l’observa,
Puis prit une pierre et se jeta au combat,
De sa puissance royale cette pierre il lança,
Le serpent néfaste pris peur et s’en alla,
Sur la grosse pierre la petite cogna,
Qui, sur la terre, en morceaux se cassa,
Du rocher, des étincelles retombèrent,
Ce qui rendit le caillou plein de lumière,
Le serpent non tué, ce qui fut un mystère,
C’était que le feu jaillissait de ces pierres,

Puis il s’en suivit des festivités de 50 jours. On appela cette fête Sadeh (cent) qui reste toujours en vigueur en Iran. Cette tradition existe en Iran même après l’islam.

Le roi Tahmourés

Le fils de Houchang était Tahmourés. Cette partie du livre est courte et explique les exploits du roi et de son ministre Chidasp face aux démons. Le roi Tahmourés les vainquit en fit d’aux ses esclaves, utilisant leur magie pour faire du bien. Il mourut après trente ans de règne.

Ma prochaine parie sera consacrée au début du règne de Djamchid. Je raconterai l’essentiel en poésie.

lundi 15 août 2011

Introduction du livre

L'introduction du Livre des rois est écrit en 12 parties. Dans ces douze parties qui sont la préface de l'auteur lui-même, celui-ci expose toutes ses motivations et les raisons pour lesquelles il écrit, comment il a procédé, d'où il a recueilli les histoires (qui existaient déjà auparavant mais étaient dispersés), les personnes qui l'ont aidé, sa façon de penser, les remerciements, mais aussi ceux qui ont commencé cette oeuvre avant lui, mais qui moururent avant de terminer ou ceux dont l'oeuvre a été perdue. La partie que j'ai traduite, ce n'est pas toute l'introduction, mais seulement la première partie de celle-ci. 



Dans cette partie, l'auteur expose sa philosophie, c'est pour ça qu'elle est un peu plus compliquée à comprendre. Dans la littérature classique iranienne, c'est une tradition de parler et de faire l'éloge de dieu. Ferdowsi, lui, montre sa vision à lui de dieu, il voit dieu comme le maître de la raison ( خدا وند جان و خرد). Dans son introduction, il exprime à quel point il est important de garder la sagesse dans ses paroles, car si des idées ne sont pas raisonnables et sages, le monde ne va plus. 


Introduction


Au nom du maître de l’âme et de la raison,
Au-delà duquel ne passe ni pensée ni vision,
Du maître de la gloire, du maître de l’univers,
Qui nous nourrit et nous guide le cœur ouvert,
Le maître du ciel et le créateur de Saturne,
Celui qui a allumé le soleil, Vénus et la lune,
Il dépasse tout nom, tout signe, toute idée,
Toutes les étoiles du firmament il a dessiné,
De tes deux yeux, ce créateur, ne regarde pas
Tu ne le verrais pas, et triste tu deviendras,
L’âme et la raison n’auront pas leur aisance,
De trouver le chemin dépassant ces essences,
Si, parmi des paroles, la raison fait un choix,
Il ne saurait choisir qu’entre ce qu’il voit,
Le maître tel qu’il est, nul ne peut l’admirer,
Ta ceinture d’obéissance, il faut l’attacher,
Le créateur seul mesure l’âme et la raison,
Quand est-il contenu par la forte réflexion ?
De ces moyens qui sont âmes et idées,
Comment le créateur peut il être célébré ?
Le fait qu’il existe, tu dois l’accepter
Les paroles inutiles, tu dois t’en séparer,
Cherche la bonne voie, l’adorer est ton devoir
De manière plus profonde, ses ordres, il faut voir,
Est puissant celui qui détient le savoir,
La raison rajeunit le cœur du vieillard.
Au-delà de ce voile, la parole n’atteint rien,
Pour y aller, la pensée n’a pas de chemin.


Bon, maintenant, que nous avons vu le début du livre et la façon de penser de Ferdowsi, je traduirai uniquement les histoires et les légendes les prochaines fois. A bientôt.

dimanche 14 août 2011

Bienvenue

Bonjour à tous, et bienvenue sur mon blog. Avant de vous expliquer mon but et ce que je vais écrire, je vais me présenter : je m’appelle Omid, j’ai 14 ans. J’habite en France avec mes parents qui sont d’origine iranienne.

Ce blog, je l’ai rédigé afin de présenter ma traduction de certaines histoires du  Shahnameh (Livre des rois) aux français qui sont intéressés. Le Shahnameh est la plus grande œuvre de l’épopée nationale iranienne. Ce poème épique magistral a été rédigé par le poète iranien Ferdowsi, aux alentours de l’an 1000. Cent vingt mille vers environ la compose, tous en distique et suivant le même rythme. Cette œuvre est considérée comme celle qui a sauvé la langue persane. Elle rassemble l’essentiel de la mythologie, de la religion, des rois, des héros, et de l’histoire de l’Iran avant l’arrivée de l’Islam. Elle commence par la légende de Kiumars, premier homme et roi, et se termine par une partie historique où les derniers rois de Perse avant l’invasion arabe y sont présentés, avec leurs anecdotes et de la morale. La grande partie du livre est fait de légendes héroïques, de règnes mythologiques et de combats épiques. Les histoires les plus importantes de notre culture y sont contées.

Il existe plusieurs traductions de ce livre en français. La plus importante est celle de Jules Mohl, professeur au collège de France, qui, au XIXe en fit une traduction de 2000 pages. Ce que je fais n’est pas aussi grand que cela, mais la raison pour laquelle j’ai voulu en traduire certains extraits dans ce blog, c’est parce qu’aucune traduction française n’existe en vers. Je vais donc essayer d’adapter comme je peux et avec mes modestes moyens, les plus belles histoires du Livre des rois en poésie française. Je dois aussi dire que je m’aide des traductions françaises en prose, et que le plus important de mon travail n’est pas de traduire mais de faire des vers à partir d’histoires traduits littéralement du persan par d’autres personnes que moi mais sans véritable éloquence. Je ne suis pas non plus un maître de la poésie, mais c’est quelque chose qui me plaît énormément. Je vais donc essayer de faire quelque chose qui ait l’âme du Shahnameh, de restituer l’épique et les valeurs des héros mais aussi de partager le peu de poésie que je peux faire. J’espère que vous apprécierez ma façon d’écrire et ces magnifiques histoires qui sont l’identité des iraniens et qui, malheureusement, ne sont pas très connus chez les français.

C’est donc ce que je voulais dire. Pour vous donner une idée de la façon dont j’écris, je posterai prochainement ma traduction en vers du début de l’introduction de Ferdowsi qui n’est pas, à vrai dire, la partie la plus compréhensible du livre (étant donné différence d’époque et du contexte de la rédaction du livre). Par contre, je ne traduirai pas tout le livre : cela me prendrait une quarantaine d’années. Je vous présenterai que les histoires les plus belles et les plus importantes, et ce, petit à petit. A bientôt pour le prochain post.